La relaxation ou régulation psychotonique
Définition et objectifs
Le mot « relaxation » est réducteur ; sous cette appellation, on a tendance à définir des exercices et techniques qui permettent simplement d’abaisser le tonus musculaire. Or ce n’est pas systématiquement l’abaissement du tonus qui est recherché, c’est plutôt la régulation de ce tonus.
La relaxation représente un ensemble de méthodes, techniques et thérapies qui recherchent volontairement la détente physique et mentale, et l’adaptation de la vigilance à la situation en cours.
On parlera plus exactement d’autorégulation psychotonique. Elle a 2 orientations :
– L’abandon de la conscience : détente
– Une hyper vigilance : être présent.
L’objectif de la relaxation est de donner ou de redonner un équilibre à l’individu pour qu’il ne soit pas déstabilisé par les différentes agressions de sa vie personnelle, professionnelle. C’est un reconditionnement positif.
Origines
La recherche de la détente est quelque chose de spontané et aussi vieux que l’homme et l’animal. Mais à cause d’un style de vie de plus en plus éloigné de la nature, où le corps est « sous stimulé » et l’esprit « sur stimulé », il est nécessaire d’apprendre ou de réapprendre ce qui devrait être naturel.
Cette nécessité est apparue en médecine grâce à un courant appelé médecine psychosomatique. Cette branche de la médecine s’inscrit dans une prise en compte plus globale de la maladie. Au lieu de circonscrire les causes de maladie à des facteurs extérieurs (microbes…), ou intérieurs (génétique) elle inclut le rôle du psychisme et des facteurs environnementaux, sociaux et culturels.
Pour la médecine psychosomatique :
– Il y a un lien étroit entre notre corps et notre esprit
– Les agressions mentales (peurs, angoisses) s’inscrivent dans notre corps
– Les agressions corporelles (bruits intenses, embouteillages…) agissent sur notre état mental.
Toute émotion entraîne une tension, une réaction de notre corps. On parle de dialogue tonico-affectif.
Support physiologique
La relaxation permet de réguler le tonus musculaire.
- Définition du tonus (le tonus vient du latin TONOS = tension). C’est un état permanent d’activité des 2 variétés de muscles de l’organisme (muscles striés squelettiques et muscles lisses).
- Les muscles striés (ou muscles rouges) : leur contraction est volontaire et soumise au système nerveux central.
- Les muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux neurovégétatif (qui régule toutes les grandes fonctions de l’organisme : digestion, respiration, battements cardiaques).
- La régulation du tonus musculaire (muscles striés).
Elle se fait à plusieurs niveaux :
Au niveau spinal = régulation périphérique : c’est une régulation réflexe qui passe par la moelle épinière. La réponse est instantanée et réflexe et adapte la tension à la situation que vit le corps.
Au niveau de l’encéphale, il existe différentes aires qui contrôlent le tonus :
La formation réticulée (fonction activatrice ou inhibitrice du tonus musculaire : boucle gamma). Elle régule la veille et le sommeil, elle module le niveau de vigilance, les mécanismes d’attention.
L’hypothalamus : zone où siègent nos réactions émotionnelles (centre organisateur de la vie végétative), il gère les hormones sécrétées dans le sang.
Il existe des connexions nerveuses entre ces aires, ce qui explique le lien entre l’état émotif et le tonus musculaire.
Au-dessus, le cortex analyse toutes les sensations et informations qui lui parviennent : il traite les données. Son analyse conduit à l’action, adaptée ou non !
La relaxation va réguler ce tonus, tant sur les muscles striés que sur les muscles lisses.
Les réponses sur le système nerveux seront différentes selon si on utilise une relaxation à voie ascendante ou descendante :
- Voie ascendante :
– Abaissement de la tension musculaire
– Diminution des messages proprioceptifs vers la formation réticulée qui devient moins sollicitante vers le cortex ; le calme intérieur s’établit.
- Voie descendante :
– Abaissement de l’intensité du contrôle de l’hypothalamus
– Filtrage sélectif des afférences
– Diminution de l’activation de la formation réticulée
– Abaissement de la tension des muscles (système gamma).
Les effets de la relaxation
- Sur un plan physique :
- Au niveau cérébral : un électroencéphalogramme permet de constater une modification des ondes cérébrales (proche de l’état de sommeil). Le cerveau est alors très réceptif à tout ce qui se passe autour de lui.
Pour info : les ondes Delta = sommeil profond, sans rêve ; Théta = relaxation profonde
(méditation) ; Alpha = relaxation légère, éveil calme ; Béta = activités courantes ; Gamma = grande activité cérébrale.
- Au niveau respiratoire : la fréquence diminue et les temps d’inspiration et d’expiration augmentent : meilleurs échanges.
- Au niveau circulatoire : baisse de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle (diminutions des battements de 20 %).
- Au niveau digestif : décontraction des parois de l’intestin et de l’estomac et donc meilleur transit.
- Au niveau locomoteur : diminution du tonus musculaire donc économie d’énergie. Réflexes mieux réglés et donc meilleure adaptation aux sollicitations extérieures. Meilleure coordination.
- Sur un plan psychologique :
- Plus grande disponibilité sur soi : vigilance accrue = plus d’attention, concentration plus focalisée, ressenti plus affiné.
- Plus grande disponibilité sur le monde : une meilleure écoute, plus de tolérance et adaptation de son comportement aux agressions de toutes sortes.
Applications
- Rôle préventif :
- Gestion d’angoisse (générée par nous-même) et gestion du stress (agressions extérieures).
- Maîtrise de soi (dans le cas d’une hyperactivité par exemple)
- Disponibilité corporelle (dans le cas d’une difficulté de concentration par exemple).
- Rôle thérapeutique
- Troubles organiques ou fonctionnels (estomac, peau, problèmes respiratoires…).
- Troubles mentaux.
- En sport
- Meilleure connaissance du schéma corporel
- Préparation mentale : dans ce cas, on cherchera plus une hyper vigilance qu’un abandon de la conscience.
La relaxation dans le but de préparation mentale peut-être dynamisante (avant l’action), régulatrice (dans l’action), récupératrice (après l’action). Elle fait appel à l’imagerie mentale qui n’est possible que par une utilisation accrue de la concentration.